Renfermée

Un mélange de pensées qui ne sont pas forcément normales, d'où viennent-elles ? Bonne question...mais elles sont là^^

Parler, parler tout haut et plus fort, ne plus les écouter. Hurler dans leurs oreilles à leur briser les tympans pour qu’ils essuient mes larmes et qu’ils les boivent, acides, elles leurs feront couler les mots que j’attends. Dormir par terre, la tête dodelinant, les cheveux cloués au sol. Je les entends, ils sont là, mais je ne peux pas les voir. Les aider ou me sauver, le choix qu’ils font. La pluie sur ma joue qui dégouline se trempe d’abandon, de trahison. Les sauver ou aimer, le choix si profond. Les écouter, leur parler, mais leur dire quoi ? Ce que je sais, ce que je vois. Ce que je n’ai jamais dit ne se dira jamais. Oublier. Partir loin tant que le loin est près de moi. Le manège du temps tourne et m’écoeure tant. Les chevaux de bois ne parlent plus, les rouages qui s’enfilent doucement roulent sur mon corps. La musique du sang qui passe à mes oreilles résonne. Les battements de mon cœur secouent mes doigts et ils frappent le bois si fort. Les cymbales de la mort résonnent sur mon visage, mes dents broient mes phrases, ma langue s’étouffe. Je ne parle pas, je ne leur dis rien. Je ne peux pas. Les fruits de ma conscience qui hurlent dans ma gorge ne sortent pas. Leur jus amer me noie. Je suis si fatiguée. Les sauver et mourir en mon âme. Oublier. Il partira et dans ma tête et dans mon cœur, mes yeux ne l’impriment pas. Si loin. Ma tête tournera trop mais jamais ici. Là-bas. Ne pas leur parler. Ne pas leur parler. Ne pas leur parler ! Ne m’écoutez pas ! Bâillonnez moi de méchanceté ! Bannissez moi pour l’éternité ! Laissez moi pour morte là où je suis allongée ! Mes cheveux en corolle sur le sol blanc, si noirs, font comme mon sang. Frappez moi de laideur, privez moi d’amitié. Dans les caves vides et froides enfermez moi. Je ne verrai plus la lumière du jour, je ne verrai plus ce bleu. Je l’oublierai, je l’oublierai. Je le promets. Ne m’enchaînez pas, laissez moi courir je ne parlerai pas, essoufflée de tout cela. Je marcherai sur les pierres sur la pointe des pieds, les talons moites de sueur, j’aurai couru déjà. Et si je glisse je suis heureuse, je ne le vois pas. Je pars, et lui reste. Si près d’eux loin de moi. Il ne parle pas, il n’a rien à dire. Cela ne le concerne pas. C’est mon combat et c’est moi, moi qui dois parler, mais je ne peux pas. Les écouter et répondre, demander quand je ne comprends pas. Peut-être que je le fais exprès ? J’ai compris ce que je ne dis pas et j’en frissonne de terreur. Il me parle et je lui réponds, suis-je vraiment là ? Peut-être un peu plus haut. Peut-être que je plane et que je vole si loin, si près en fait. Quand je pense je ne vois pas. Je pleure d’innocence mais où est-elle ? J’ai faim de vie et j’ai soif de sa mort. Le supprimer pour mieux vivre, pour respirer, aspirer une grande bouffée d’air frais qui me glacera les poumons et le cœur. Givré, il battra encore mais je ne l’écouterai pas. Les regarder rire et jouer, les admirer. Ils sont beaux de fierté, beaux d’insouciance. Sublimes de savoir vivre et simples de sincérité. Je mens par timidité, je mens pour oublier. Si eux ne savent pas, tout ira bien. Mensonge par omission, oui mais qui me le demande ? Qui suis-je ? Cette fille là, celle qui écoute et parle mais qui ne pense pas. Arrêter mon cerveau, qu’il cesse de tourner. Le désynchroniser, la Terre continuera sans moi. Vivre sans réfléchir, repousser les images qui m’assaillissent de toutes parts, ce bleu immense là-bas. Ce loin qui n’existe peut-être pas. Attendre que ce loin là parte chez lui, attendre qu’il ne soit plus là. On n’en parlera pas. Le manège tourne plus vite, plus fort. La mélodie de mon cœur et le sang qui passe assourdissent mes mots. Ma voix ne s’entend pas si mal que ça. Elle coule d’eau claire de la fontaine glacée, elle chante si fort les paroles des enfants tristes. Je ne lui réponds pas. Ces notes ne sont pas de moi, je ne pense pas, je refuse d’imaginer tout ce qu’il y a, toutes les choses qui sous mon crâne se dessinent. Tout se fracasse. Je les gribouille de dénégations. Tout nier en bloc. Tout nier à jamais. Ma gorge si serrée ne me croit pas. Je ne déglutis plus, cela me fait trop mal. L’air dans ma trachée mutilée d’angoisse ne passe pas, je meurs d’impatience, il ne me voit pas. J’aimerais crier ce que je sais, lui dire tout cela. M’envoler, évanescente, florissante de pensées. Ne pas les laisser s’échapper. Enfermez moi ! Enfermez moi ! Enfermez les aussi ! Personne ne doit savoir ce que je sais, savoir ces choses là ne se fait pas. Le bruit de l’eau sur le carrelage m’horrifie, je suis figée par cette torpeur. Entendent-ils cela ? Pas lui, pas ça. Est-ce la pluie qui me donne si froid ? Je neige dans mon cœur. Laissez moi, laissez moi. Partez, partez loin ! Je ne vous comprends pas ! Laissez moi je ne dirai rien. Mes cheveux en corolle autour de mon visage tiendront lieu de tombeau.